Je réédite ici un article
publié dans les numéros 174 et 175 de cette même revue. Le contenu, vieux de 12
ans, y est refondu et modernisé. En réalité, les bases n’ont pas changé, mais
la technique s’est diversifiée. Donc, pour 2013, voici ce que
vous devez connaître pour bien commencer le feeder. Je m’attaquerai aux method
feeders et autres montages spécifiques dans les prochains numéros. Bonne
(re)lecture !
Depuis plusieurs années, il est
frappant de constater que le pêcheur veut aller prendre le poisson de plus en
plus loin. Cependant, dans sa quête d’espace, il a souvent manqué d’imagination
et s’est contenté d’allonger sa canne. Comme vous le savez tous, plus la canne
est longue, plus son prix est élevé. Les jeunes pêcheurs, désireux eux-aussi de
participer à la fête, sont confrontés à un problème de taille : l’argent.
Nombreux sont ceux qui abandonnent, dégoûtés par les frais somptuaires
qu’entraîne l’achat d’une 11 mètres. Cet article, je l’espère, permettra
peut-être de faire découvrir aux plus réticents les très nombreux avantages du
Feeder, et, entre autres, son coût très modéré. Avis à la population, cette
technique est d’intérêt public.
Le matériel requis
Vous voulez pêcher loin et
prendre beaucoup de poissons sans vous ruiner, suivez le guide ! Je vous
donne ici quelques renseignements qui vous permettront de ne pas vous tromper
lors de vos futurs achats.
La canne
Une bonne canne se trouve
désormais assez facilement. Choisissez la, munie si possible d’au moins un
scion de rechange.
Son blank, c’est-à-dire ses
éléments les plus gros, doit être rigide et ne plier qu’en sa partie supérieure
(action de pointe marquée). J’insiste sur cette qualité, c’est primordial.
Les anneaux doivent être
également de qualité car cette technique les sollicite énormément (AOL, ou
mieux SIC)
Comment choisir son
action ?
- La LIGHT (léger en Anglais) permet de lancer jusqu’à +/- 40 g et convient donc aux pêches délicates en étang ou en canal de petit gabarit.
- La MEDIUM (moyen, toujours dans la langue de Shakespeare) supporte des feeders de +/- 65 g et est assez polyvalente (rivière, canal, étang).
- Les HEAVY et EXTRA-HEAVY (lourd) sont à réserver pour la pêche des gros poissons (carpes, barbeaux, brèmes) en fleuve ou en rivière (Meuse, Ourthe) avec des feeders pouvant atteindre +/- 115 g. Elles sont aussi des plus utiles pour pratiquer votre sport à très longue distance (60-70 mètres et plus). Ne craignez pas leur très grande rigidité, elle est nécessaire pour lutter contre le courant. C’est la canne de base pour la Meuse.
Le moulinet
Un bon moulinet mi-lourd fera
parfaitement l’affaire. Certaines marques ont commercialisé des moulins
«spécial feeder», profitez-en, mais surtout, par pitié, ne lésinez pas sur sa
qualité, car s’il est un composant qui souffre au feeder, c’est bien le moulin.
Shimano et Daiwa sont deux marques qui ne m’ont jamais laissé tomber.
Le petit matériel
- Les piques télescopiques : elles doivent assurer une bonne stabilité à la canne. Il en faut une longue (min. 1,5 m) pour pêcher en rivière et une courte pour les plans d’eau sans courant. Des pieds adaptables sur panier/plancher sont également disponibles. Ils sont très pratiques car ils évitent de devoir piquer quoi que ce soit dans le sol.
- La tête de pique doit être large et doit maintenir la canne en place afin d’éviter que celle-ci ne soit emportée par un poisson (ne riez pas, c’est arrivé devant mes yeux !).
- Du fil de bonne qualité. Je vous conseille de ne pas pêcher trop fin. En effet, les contraintes subies par ce dernier sont importantes. Disons qu’un bon 20 à 25/100 est idéal. Les nylons pour la carpe conviennent très bien et sont disponibles en bobine de 1000 à 1500m, dont le prix est bien intéressant. Pour ma part, j’utilise du nylon de surfcasting de la marque Sakuma, en vente sur le site internet à environ 12€ pour 1500m (www.sakuma.co.uk).
- Vous pouvez également utiliser de la tresse pour pêcher à plus de 40 mètres. J’en parlerai dans un article suivant.
Les feeders
Il existe 3 types communs de
feeders :
1.Le feeder cage : en grillage métallique, il permet à l’amorce de très vite s’en
échapper. Selon le mouillage de l’amorce, on peut également l’utiliser dans les
eaux dépassant 3 mètres de fond. 10, 20, 30, 40 grammes sont les dimensions les
plus utiles. Ce modèle étant très polyvalent, il tend à remplacer le suivant et
est désormais disponible de 5 à 150g. Si vous devez choisir un seul feeder, ce
sera lui !
2.Le feeder ouvert : la plupart du temps en plastique, il est une sorte
de petit cylindre ouvert en ses deux extrémités. Il convient pour les pêches
dans les courants forts ou bien dans les eaux profondes telles que la Meuse. De
20 à 70 grammes, voire plus.
3.Le feeder fermé : il est réservé à l’amorçage à l’asticot et n’est
donc pas efficace avec de l’amorce. Quand il est plat, il est l’un de vos
meilleurs alliés pour aller taquiner le barbeau dans l’Ourthe ou la Semois.
Cette forme permet au feeder de rester en place sur le fond. Prenez-les de 20 à
90 grammes.
Remarques : Les method
feeders sont un autre type d’amorçoirs. Ils sont apparus il y a quelques années
pour pêcher les carpes et d’autres gros poissons en étang. Actuellement, leur
polyvalence intéressante les a amenés à être pêchés un peu partout, y compris
en rivière sur des barbeaux. J’en parlerai dans un article suivant que voici : Le Method feeder
![]() |
Mes method feeders |
Comme vous venez de le constater, point n’est besoin de posséder un lourd arsenal pour pratiquer le feeder : une canne, un moulin, une pique, quelques feeders et le tour est joué. Je vais maintenant aborder les montages les plus utilisés. Ceux-ci sont aussi, à mon avis, les plus simples et les meilleurs.
Les montages
Par pitié, pourquoi faire
compliqué alors que l’on peut faire si simple. Bannissez une fois pour toutes
les anti-emmêleurs, gadgets qui font tout sauf ce pour quoi ils ont été conçus
et, en plus, rendent la ligne très peu sensible. Les 3 montages, dont vous
pouvez voir les schémas ci-contre, sont des grands classiques qui ont maintes
fois fait leurs preuves.
Le montage LOOP
Pêchant
la plupart du temps en Meuse, c’est le montage que j’utilise le plus. Il suffit
de torsader le fil sur 12 à 15 cm (en vrillant le nylon entre ses doigts), de
bloquer cette torsade par un nœud triple en ayant pris soin de laisser dépasser
un brin du fil sur 25 cm. Sur ce fil qui dépasse, vous enfilerez un émerillon à
agrafe. Il vous suffira de fermer cette boucle (LOOP en Anglais) par un double
nœud. La torsade sert d’anti-emmêleur avec une efficacité remarquable. Si vous
emmêlez avec un tel montage, c’est que vous le faites exprès.
Le montage sur potence (dérivation)
Avec le fil du moulinet, réalisez une grande boucle
d’environ 40 cm. Réalisez un triple nœud (attention, c’est important !)
pour fermer celle-ci. Coupez le fil de cette boucle en faisant en sorte de
laisser un des deux brins plus long que l’autre. Au plus court vous attacherez
le feeder et au plus long le bas de ligne. Ce montage très sensible est
particulièrement efficace sur les gardons et les brèmes en eau calme.
Le montage Ledger
Il est utilisé aussi bien en
mer qu’en eau douce pour prendre des carnassiers ou des blancs.. Il a été
popularisé par les carpistes dans les années 80 et est toujours mon préféré
pour le barbeau et les poissons combatifs en général, ainsi que pour la raie en
mer. Le plomb peut coulisser librement sur la ligne ou, au contraire, être
monté fixe. Il est néanmoins moins sensible que les deux premiers montages
ci-dessus.
La pratique
Bien entendu, lors de vos premiers pas dans cette
technique, vous ne possèderez (possédiez) probablement pas tout le matériel
requis. Au-delà de l’acquisition d’une canne et des accessoires, il est un
dicton que l’on ne doit pas oublier : «le matériel ne fait pas le
pêcheur»….mais il contribue néanmoins, sinon à le rendre meilleur, tout du
moins à lui faciliter la tâche ! Pensez-y. Il est plus aisé d’apprendre à
skier avec des skis qu’avec des rollers.
Voici donc les trucs et ficelles de base afin que vous
puissiez entamer une partie de pêche avec sérénité.
L’amorce
A tout seigneur, tout honneur. Nous nous pencherons
tout d’abord sur sa composition :
Mon credo est définitivement celui-ci : «Pourquoi
faire compliqué alors que la simplicité est payante ?». C’est la règle
première lorsqu’on élabore une amorce. Pour ma part, j’en utilise deux
différentes, l’une du commerce et l’autre de mon cru. Ces recettes ont plus de
10 ans, certes, mais comme le disait Georges Hirsch, un des meilleurs
compétiteurs que la province ait compté : «Il y a 10 ans, tu aimais les
frites ? Et maintenant, tu les aimes toujours ?». La réponse est «Oui
et pour les poissons, c’est la même chose». La base reste, seuls certains
détails changent.
Amorce du commerce
Claire
1 kg Vanden Eynden Feeder (biscuit + BC)
1 kg Vanden Eynden Feeder (biscuit + BC)
0,5 kg chapelure rousse
Foncée
1 kg Vanden Eynden G5
0.5 kg Sensas Feeder Gardon noire
1 kg Vanden Eynden G5
0.5 kg Sensas Feeder Gardon noire
Amorce maison
5 volumes chapelure rousse
2 v. biscuit
2 v. TTX fin
1 ½ v. chanvre moulu
1 v. bird food rouge et jaune
De plus, dans le cas du feeder, ce n’est pas la
composition qui est la plus importante, mais bien le mouillage :
l’amorce doit être à peine humide. Je m’explique. Une amorce trop mouillée
prendra beaucoup trop de temps pour sortir du feeder. D’une manière plus
pratique, si vous ramenez régulièrement un amorçoir quasi plein après avoir
ferré un poisson, soit votre préparation est trop mouillée, soit vous la serrez
trop fort. En rivière profonde et rapide, l’amorce supporte d’être plus
collante, par contre, dès que les fonds diminuent ou que le poisson mord bien,
il faut absolument que votre mélange travaille très vite.
La précision
Il n’est pas question de lancer n’importe où. Il est
donc nécessaire de choisir une cible fixe (pas une vache !) sur la berge
d’en face, afin de définir l’axe de pêche (voir tableau ci-dessous).
Pour ne pas perdre la distance de pêche, un bon coup
de marqueur indélébile ou de Tipp Ex fera l’affaire. Bien que cela soit très
efficace, je ne suis pas un adepte du fil coincé dans le line clip du moulin,
simplement parce que si une carpe mord et démarre, ça sera la casse assurée. Bloquer
le fil sur la bobine à l’aide d’un élastique est quasiment aussi efficace, mais
bien moins risqué.
La précision est un facteur fondamental dans cette
technique. Rassurez-vous, si ce n’est déjà fait, elle s’acquiert très vite.
La régularité
Le feeder est fondamentalement une pêche de rappel. Il
est néanmoins intéressant de procéder à un amorçage léger, en début de journée,
grâce à un feeder de grande taille. Il suffit de le remplir 5 à 10 fois et de
le lancer sur le coup. Ensuite, vous accrocherez un feeder de taille normale
sur votre ligne et, seulement après cela, vous mettrez un bas de ligne !
Pourquoi ? Tout simplement pour ne pas être tenté de pêcher alors que vous
amorcez et pour faciliter le remplissage de l’amorçoir (pas de risque de se
planter l’hameçon dans la main).Cet amorçage semi-massif terminé, il vous
restera à lancer, toutes les 3 à 6
minutes, le feeder sur votre coup.
La régularité et la précision sont les mamelles de
cette technique.
Les esches
Le choix est vôtre. Si l’asticot est roi, n’oubliez
pas les vers de terreau coupés en morceaux, les casters et les graines. Ajoutez
vos esches au fur et à mesure, c’est le seul moyen de bien les doser et
cela évite d’en mettre trop. Sachez néanmoins mettre un gros paquet d'esche dans votre feeder pour faire redémarrer un coup !
! Attention !
Il
faut toujours escher l’hameçon avant de remplir le feeder, sinon, le temps pris
pour accrocher l’asticot permettra au contenu du feeder à se faire la malle.
La position de la canne
a. En plan d’eau et eau peu courante
La canne sera positionnée scion vers le bas,
afin de soustraire la bannière au vent, sauf :
·
Quand la berge est encombrée par des plantes
aquatiques
·
Quand le fond est encombré d’algues ou de
branches
De plus, elle sera placée presque parallèle à
la berge pour faciliter la détection des touches.
b. En rivière
Ici, vous veillerez à pointer le scion vers le ciel
et à diriger la canne vers l’aval, ceci afin de soustraire au maximum la
bannière au courant.
c. Par journée venteuse
Le vent engendre des difficultés pour détecter les touches. Le meilleur moyen de diminuer son effet négatif est de diriger le scion dans la direction du vent (le vent souffle à droite, positionnez la canne sur la droite). Cela aura pour effet d'amoindrir et d'adoucir les mouvements du scion causés par le souffle de l'air.
Le vent engendre des difficultés pour détecter les touches. Le meilleur moyen de diminuer son effet négatif est de diriger le scion dans la direction du vent (le vent souffle à droite, positionnez la canne sur la droite). Cela aura pour effet d'amoindrir et d'adoucir les mouvements du scion causés par le souffle de l'air.
Le choix du scion
Ce détail nous importait peu lorsque jadis, munis de
nos puissantes cannes au lancer, nous pêchions le «fond». Au feeder, le choix
du scion est d’une très grande importance.
La règle, si elle est simple, est assez déroutante,
car elle contraste avec nos vieilles habitudes :
- La grosseur du scion ne dépend ni du poids du feeder, ni de la distance de pêche !!!
- C’est le vent et le courant, et seulement eux, qui vont permettre de choisir le scion
Exemple :
vous devez pêcher des brèmes de 400-500 g. à 60 mètres dans un étang profond : le feeder fera donc 40 g. (plus l’amorce). Sachant que les grosses
plaquettes font des touches assez délicates, si vous mettez le scion fort de
votre canne, vous ne verrez pas les touches. Le bon choix est donc le scion
fin, s’il n’y a pas de vent, et le scion moyen s’il y en a.
Ne vous inquiétez pas pour votre scion fin, il est
suffisamment résistant pour lancer même les plus gros amorçoirs.
Un scion trop tendu n’indique plus correctement les touches.
Un scion trop tendu n’indique plus correctement les touches.
Votre position par rapport à la berge
Pour votre confort, donc votre efficacité,
positionnez-vous, non pas face à l’eau, mais bien presque parallèle à la berge
(Voir schéma).
Derniers conseils
Je terminerai par une liste (non exhaustive) de trucs
et ficelles pour remédier aux problèmes les plus courants.
Si vous ramenez votre feeder encore plein après 5
minutes d’immersion, c’est que, soit vous serrez trop l’amorce dans celui-ci,
soit cette dernière est trop mouillée.
Remède : ajoutez une poignée de chapelure sèche à votre amorce, elle travaillera plus vite.
Remède : ajoutez une poignée de chapelure sèche à votre amorce, elle travaillera plus vite.
«J’ai des touches si rapides et brutales qu’il m’est
impossible de les ferrer !»
Remède : Soit vous pêchez trop lourd, soit votre bas de ligne est trop court.
Remède : Soit vous pêchez trop lourd, soit votre bas de ligne est trop court.
«Mes touches sont si peu visibles que, bien souvent,
je ramène ma ligne et constate que mon asticot est sucé ou a disparu !»
Remède : Votre bas de ligne est trop long, raccourcissez le jusqu’à ce que vos touches soient bien marquées.
Remède : Votre bas de ligne est trop long, raccourcissez le jusqu’à ce que vos touches soient bien marquées.
Les poissons paraissent ne plus avoir faim et mon
amorçoir semble les effrayer.
Remède : Échangez votre feeder contre un plomb Arlesey, c’est bien plus discret.
Ajout du 25/09/2015 : au feeder, n'oubliez pas de sonder !
Remède : Échangez votre feeder contre un plomb Arlesey, c’est bien plus discret.
Ajout du 25/09/2015 : au feeder, n'oubliez pas de sonder !
J’espère
que cette réédition améliorée vous aura plu et qu’elle pourra répondre à vos
questions principales. Le feeder est une méthode très fine et efficace, et il
est fort à parier que vous en entendrez encore parler les années à venir. Je
vous souhaite bonne pêche.
Texte et photos de JN Schmitz
Article publié dans le FP n°220
merci pour cet article très instructif.
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